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LES BALADES DES GREETERS

S'évader en Orient avec Lucie

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Porte de Choisy, une mosaïque de vies, de couleurs, de parfums, une brise légère qui danse parmi les ombres des gratte-ciel. Lucie, une étoile filante dans cet univers tentaculaire, m'attendait avec un sourire qui reflétait tout le mystère de ce quartier cosmopolite. Ce joli brin de Chine, se glissait habilement entre les immeubles qui nous entouraient. Autour de nous, une forêt de béton, une jungle de rêves et de réalités entrelacés.

Lucie m'a confié le secret de ces milliers de logements qui se dressent telles des sentinelles : chacun abritant son propre commerce, sa propre histoire. Elle se souvient de son enfance, quand sa mère la guidait vers une coiffeuse qui exerçait son art au cœur d'un appartement. Parfois, elles partageaient un repas, tissant des liens au fil des coupes et des discussions. Épicier, coiffeuse, manucure, cuisinière...

Une ville verticale, une cité qui déborde de talents et de saveurs, où chaque coin d'appartement recèle un trésor à découvrir. Et désormais, tout cela est à portée de main grâce à des applications dédiées, dans la langue native qui unit ces mondes parallèles.

Chinatown, une toile vivante, une symphonie urbaine, où les frontières s'estompent et où les possibilités s'entrelacent comme les rues et les avenues de cette métropole en perpétuel mouvement.

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Lucie, une amoureuse des plaisirs gourmands, m'entraîna dans un dédale de boutiques alimentaires, un labyrinthe vibrant de saveurs et de couleurs, bien loin de la gastronomie française. Elle me conta la singularité de l'alimentation asiatique, une symphonie verte de légumes et de fruits exotiques qui me semblaient tout droit sortis d'un monde fantastique.

Parmi ces trésors, les durians se dressaient comme des énigmes olfactives. Elle m'initia à leur délicatesse paradoxale, à cette essence de fraise dissimulée derrière leur réputation de "fruits qui puent". Avec précaution, elle m'expliqua qu'il fallait les savourer avec mesure, car ces fruits recelaient du soufre, conférant cette odeur repoussante, et que l'excès pouvait mener à des turbulences digestives.

Un régal délicat, précis, dont le prix en barquette traduisait la rareté. Lucie m'avait ouvert les portes d'un univers gustatif inconnu, où chaque bouchée était une aventure sensorielle, où les saveurs défiaient les attentes et où le plaisir se révélait dans la nuance.

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Le long de l'étrange silhouette de l'église Notre-Dame de Chine, nous découvrîmes un petit presbytère qui, tel un guichet d'opportunités, affichait avec enthousiasme toutes les activités offertes au-delà du catéchisme. Un véritable kaléidoscope culturel s'étalait devant nos yeux: cours de chinois, d'anglais, de français ; le doux murmure de guitares et de pianos, le rythme gracieux des danses de salon, l'harmonie apaisante du Taï-Chi Quan, et la discipline féroce du Taekwondo... Un mélange éclectique de savoirs et de talents qui s'épanouissait au sein de cette association.

Lucie me raconta que les parents, occupés par leurs courses et leurs obligations, confiaient souvent leurs enfants à ces activités diverses, créant un ballet impressionnant de voitures qui venaient chercher les jeunes élèves sur le trottoir. Ces enfants, patients et curieux, attendaient en formant une mosaïque humaine sur le bitume, déclenchant parfois un embouteillage joyeux que personne ne se pressait de dissiper, car dans ce coin de la ville, les leçons de la vie se mêlaient aux enseignements des livres, créant ainsi un véritable tableau vivant de l'énergie et de la diversité.

 

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Nous nous précipitons à travers la chaussée pour nous aventurer dans un parking obscur. "N'ayez pas peur," chuchota-t-elle avec un amusement taquin. Et soudain, comme une révélation, un autel dédié au culte de Bouddha surgit à l'angle d'un virage. "Malheureusement, c'est fermé," regretta-t-elle, "mais il est toujours possible d'interroger les officiants lorsqu'ils sont présents. Quelques-uns d'entre eux parlent français."

Dans cette enceinte sacrée, l'atmosphère était imprégnée de mystère, et l'air vibrait de spiritualité. L'instant était suspendu, une invitation à explorer les mystères de cette culture qui se révélait au fond d'un parking.

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L'Arche de la fraternité, symbole vibrant d'amitié entre les peuples, surgit comme une énigme artistique au cœur de Chinatown. Conçue par l'artiste parisien Georges Rousse, cette œuvre monumentale est un hommage sincère à la France et à l'Île-de-France pour leur accueil chaleureux envers les réfugiés du Sud-Est asiatique au cours des années 70.

Lucie m'éclaire sur le sens profond de cette création, en expliquant que l'Arche de la fraternité incarne le caractère chinois "mén", qui se traduit par "porte" ou "ouverture". Mais c'est dans sa technique d'anamorphose que réside le mystère de cette œuvre d'art. Intentionnellement déformée, elle ne dévoile son véritable sens qu'à partir d'un angle spécifique. Tout se résume à la perspective, à la manière dont on choisit de voir.

Pour apprécier pleinement cette porte, les curieux doivent se donner la peine de découvrir un point précis marqué au sol sur l'avenue de Choisy, où ils devront se positionner avec minutie, pour ainsi contempler l'Arche de la fraternité, une métaphore vivante de la diversité et de l'unité qui caractérisent ce quartier cosmopolite.

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Les fontaines Wallace portent fièrement le nom de leur bienfaiteur, Sir Richard Wallace. Inspirées par les "drinking fountains" londoniens.

Parmi les différentes versions, le modèle à cariatides, prévaut dans le paysage parisien. La teinte distinctive de ces fontaines, un vert profond et apaisant, fut choisie par Napoléon III lui-même. Cette couleur fut ensuite imposée par la Ville de Paris, créant ainsi une cohérence visuelle.

Paris abrite sept exemplaires de couleur différentes de ces fontaines Wallace, chacune affichant une couleur en harmonie avec son environnement. Parmi elles, la fontaine rouge de l'Avenue d'Ivry, voisine des supermarchés asiatiques Tang Frères et Paris Store, résonne avec les croyances chinoises, où le rouge incarne la joie et la prospérité, un éclat de bonne fortune au cœur de Chinatown. 

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Le rouge, partout.

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Le quartier des Olympiades, niché au cœur du 13e arrondissement, se dresse comme un témoignage incontournable de l'urbanisme des années 1970, une période où l'ambition et la créativité se sont unies pour créer quelque chose de nouveau.

Ce vaste triangle, délimité par les rues Tolbiac, Nationale et l'avenue d'Ivry, est le fruit d'un projet qui a vu le jour entre 1969 et 1977, érigé sur les vestiges de l'ancienne gare de marchandises Paris-Gobelins. L'appellation même du quartier, "Olympiades", est un hommage aux Jeux olympiques, où chaque tour prend le nom d'une ville hôte des olympiades passées, de Helsinki à Mexico en passant par Tokyo, évoquant ainsi un monde de compétition et de rencontre internationale.

10 000 âmes trouvent leur chez-soi dans ce quartier, parmi lesquelles une communauté asiatique florissante, enrichissant cette enclave urbaine de leurs traditions, de leur culture et de leur dynamisme.

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Au cœur des Olympiades, les boutiques s'érigent telles des ambassadrices de l'Asie, arborant les motifs et les influences architecturales rappelant les pagodes et les palais impériaux d'orient. 

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Jour tranquille sur la dalle des Olympiades.

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Une fresque murale  de l’artiste de street art chinoise Satr.

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Bouddha comme décor dans les restaurants.

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Les anciennes voies ferrées, jadis des artères vitales conduisant au défunt terminus marchandises de Paris-Gobelins, se sont désormais perdues sous la lourde dalle des Olympiades.

Lucie, en partageant ses souvenirs, m'évoque une expérience inhabituelle : elle avait accompagnée un parent en voiture sous cette dalle enchevêtrée de boutiques de dépôt. Dans cet univers souterrain, l'ambiance n'était pas dénuée d'une certaine inquiétude, une atmosphère peu réconfortante.

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En 2017, l’artiste surréaliste espagnol Okuda San Miguel a réalisé une fresque monumentale pour la première fois à Paris, dans le 13ème arrondissement. Une Joconde très pop !

Cette oeuvre de 50 mètres de hauteur sur 15 mètres de largeur est une représentation de la Joconde. Elle est intitulée 11 Mirages to Freedom.

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Une passante très pop également

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Le moment est venu de prendre congé de Lucie, et je réalise que mon exploration éclair de ce quartier ne fut qu'un souffle fugace, une brève esquisse de ses richesses et de ses mystères. Maintenant, je me trouve face à une évidence : je dois revenir, m'immerger davantage, et prendre tout le temps nécessaire pour plonger plus profondément dans ce monde fascinant.

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