LES GENS
Rencontres parisiennes
Richard Sahlani au Savannah Café
Un lieu rare à l'identité forte pour une cuisine libanaise savoureuse.
Le Savannah café, situé rue Descartes dans le 5ème face à la grande fresque d'Alechinsky s'est ouvert en 1985. Son propriétaire, Richard Sahlani, après des études à Sciences-Po à la fin des années 70 est repartit à Beyrouth, sa ville natale. La guerre du Liban en 1982 a mit fin à quelques espérances et lui a fait quitter sa patrie pour s'installer à Paris dans cet ancien atelier de maçon.
-"Pourquoi ce nom (Savannah) qui nous renvoi à un imaginaire de lieu lointain et sauvage"
-"Certain voit une référence à la ville géorgienne de la romancière Flannery O'Connor, d'autres pensent à cette race de chat, à la grâce incomparable de félin sauvage.
- "La vérité est plus proche d'une fin de soirée de potaches pour trouver un nom et qui se terminerait par - Salhani et Savannah sont sur un bateau...."
Le Savannah et Richard Sahlani sont toujours là après 37 ans. Une clientèle fidèle de départ dont les enfants et maintenant petits-enfants continuent d'apporter leurs présences dans ce lieu unique où chacun aborde la conversation avec la table voisine sur un fond musical discret et exigeant.
Et évidemment, car nous sommes dans un restaurant et pas seulement dans un salon, une cuisine libanaise faite de produits de grande qualité et un savoir-faire qui a fait ses preuves.

L'inconnue du Parc Monceau

Au centre du parc Monceau, j’attendais qu’une silhouette humaine donne l’échelle à cet arbre remarquable.
Doucement, une jeune femme passa, suivit, je l’apprenais quelques secondes plus tard, par sa mère qui m’accosta gentiment, me demandant pourquoi j’avais photographié sa fille.
J’argumentais la belle allure et l’arbre majestueux.
Tout en gardant un oeil sur sa fille qui s’éloignait, elle me confia que celle-ci faisait sa première promenade après une sortie d’hôpital suite à une tentative désespérée.
J’étais médusé par cette conversation intime avec une inconnue.
Quand je vis l’image agrandie, dans la justesse d’une situation hasardeuse, son geste malheureux dont elle était libérée maintenant s’exposait.!
Christophe, Villa Léandre à Montmartre.

« Lorsque je me souviens des premiers temps de mon séjour à Belgrade dans les années 60, je vois peu à peu apparaitre des façades grisâtres de style centre-européen et, devant l’ambassade tchécoslovaque le cortège de voitures de sa nomenklatura où un jour l’éclat des chromes et des pneus à flancs blancs de trois Tatra étincelantes transfigurèrent un paysage morne et brumeux.
Chaque matin un chauffeur de l’ambassade me déposait en voiture à l'école. Fils de diplomate, dans un pays où le parc auto était restreint, ce véhicule au dessin d’automobile futuriste me subjuguait comme un objet d’un autre monde.
Cette limousine d’apparat chic pour apparatchik, je la revis à Paris après que les chars russes eurent envahis Prague, abandonnée sur des boulevards extérieurs sans doute après avoir fui cette capitale occupée.
En 1993, séjournant à Bratislava pour des raisons professionnelles après la dissolution de la Tchécoslovaquie, le désir de posséder une Tatra se fit pressant et j’en achetais deux, la seconde pour les pièces de rechange. Une restauration dans un petit garage Tatra local lui donna cette touche précieuse . L’engouement des slovaques s’était déplacé sur les Mercedes pour ceux qui en avait les moyens. La Tatra ne suscitait sur place aucune passion et lorsque je dus l’immatriculer en Slovaquie, un policier me fit la remarque:
« Il faut en prendre soin, c’est une voiture de sportif »
« … ah »
« Car il faut souvent la pousser...! »
Ma Tatra fit le voyage vers Paris et traversant l’Autriche et l’Allemagne puis la France, je retrouvais le regard étonné de mon enfance chez des conducteurs et passants croisant ce véhicule qui n’avait jamais eu l'occasion de passer à l’Ouest.
Il y a maintenant à Paris un parfum de guerre froide.
L'architecte au café "Amazonias", rue de Lappe
Rencontré rue Mouffetard lors de son décrochage d'exposition, Alexiane est architecte et sa passion du dessin et d'horizons lointains lui a permit de vivre deux ans au Viet-Nam et au Cambodge où elle a pu croquer des centaines de cabanes sur pilotis. Elle aime bien se retrouver dans cet univers de jungle du café Amazonias même si le chant des oiseaux est absent...

Charlotte au jardin Albert Kahn

Charlotte, comédienne: "J'aime ce lieu, il n'y a que le présent"
Madeleine Aylmer Roubenne et sa fille devant "La Porte de l'Enfer" au Musée Rodin

Elle avait quinze ans quand la France est entrée en guerre. Elle en avait vingt quand elle a été jetée au camp de Ravensbrück. Elle aimait les livres et le cinéma, elle était la fille unique et choyée de commerçants en porcelaine. Rien ne le prédestinait à jouer un rôle aussi actif dans la résistance, sinon l’amour et un sens aigu de la justice qui lui fait refuser la fatalité de la défaite. Il s’appelait Jean Aylmer, il n’était guère plus vieux qu’elle, 22 ans, c’était l’ami d’un cousin. De père anglais il aurait pu facilement se protéger, mais il avait choisi la France qu’il servira jusqu’à la mort.