top of page

LES BALADES DES GREETERS

"Connaître ses voisins" avec Éric

Je retrouve Éric, le Greeter du 14ème, rue des Thermopyles. Cette rue qui semble rendre hommage à une célèbre bataille, l'un des plus célèbres faits d'armes de l'histoire antique, est une des rues les plus agréables et tranquilles de la capitale.

75014-9.jpg

 

 

Autour de  l'enseigne énigmatique « Chat en psychanalyse », qui nous incite à marcher sur la pointe des pieds pour ne pas perturber d'éventuels malaises post-traumatiques chez le félin, règne une ambiance calme et paisible.

 

 

Les glycines, généreuses, étirent leurs branches de part et d'autre de la rue, comme pour nous inviter à nous rapprocher et à nous serrer les coudes dans ce quartier populaire . Les jardins, ici, sont collectifs, et les associations fleurissent sur chaque placette, car le bien vivre ensemble est un leitmotiv.

75014-6.jpg
75014-7.jpg
e4-OQXo_noA-rka1lxp1Itw-ifill_2048.jpg

 

 

Tout près de là, Georges Brassens avait trouvé refuge, fuyant le S.T.O. pour vivre libre au fond d'une impasse. Non loin, un château ouvrier s'élève, suggérant que l'ascension sociale n'est pas un mirage.

75014-2.jpg
Immeuble serigraphié de Francis Soler 75013.jpg

 

Non loin, le "château ouvrier" s'élève, suggérant que l'ascension sociale n'est pas un mirage.

À la fin du XIXe siècle, le château, autrefois surnommé le "château du Maine", s'effondre lentement, rongé par l'usure du temps. Nous sommes alors au cœur de la révolution industrielle, une époque où les idées hygiénistes et socialistes émergent, faisant naître un projet audacieux : ériger un nouveau château, mais cette fois-ci pour les ouvriers. Chaque étage se subdivise en huit logements, un aménagement novateur à l'époque, où chacun dispose d'un confort rare avec ses propres toilettes. Des espaces communs, tels que des salles de réunion, rapprochent les résidents, propageant un esprit de collectivité.

Pourtant, au crépuscule des années 1990, la Mairie de Paris prend une décision irrévocable : le château ouvrier doit être démoli. Face à cette menace, les locataires et les habitants du quartier s'engagent dans une bataille farouche. Dans les rues, flottent les banderoles de résistance, les manifestations résonnent d'une détermination sans faille, et les pétitions circulent, rassemblant les voix de ceux qui refusent de voir disparaître ce symbole de leur histoire et de leur identité. Le château ouvrier incarne leur patrimoine, le témoignage tangible de ces luttes passées, où les rêves et les espoirs se sont façonnés.

75014-12.jpg

 

 

Et là-bas, Notre-Dame du Travail, avec son architecture métallique, rappelle à chacun son univers d'usine, un rappel bienvenu pour que chacun se sente chez lui, dans son milieu habituel, entouré de matériaux de fer et de bois que sa main transforme chaque jour. 

 

C'est le lendemain de l'enterrement de Jane Birkin, et tous deux, nous désirons lui rendre un dernier hommage. En cherchant, nous découvrons d'abord la tombe de Serge Gainsbourg, presque ensevelie sous les fleurs. Une femme présente nous raconte que cette abondance de fleurs était destinée à Jane, et qu'elle a été partagée ici. À trente mètres, se trouve la sépulture de Jane Birkin, inondée de couronnes aux signatures prestigieuses. C'est un océan floral, un dernier salut vibrant d'admirateurs émus.

Tombe de Serge Gainsbourg
Tombe de Jane Birkin

 

 

En poursuivant notre chemin, Éric tient à me montrer d'autres sépultures. Carlos Fuentes avait prévu d'être enterré aux côtés de ses enfants, mais les autorités mexicaines ont finalement décidé que leur plus grand écrivain devait reposer dans sa terre natale. Ainsi, reste sur la tombe une date de naissance gravée pour l'éternité. Une forme d’immortalité.

Tombe de la famille Fuentes

 

 

Quant à Charles Baudelaire, détesté par son beau-père, un général de division, il repose désormais dans le caveau familial. Ce général, s'il pouvait le voir aujourd'hui, serait sans doute offusqué par toutes ces traces de baisers de rouge à lèvres qui illuminent désormais la stèle.

75014-19.jpg

 

 

Enfin, nous découvrons l'un des plus beaux tombeaux, celui de la famille Charles Pigeon, inventeur des lampes à pétrole en 1875. En cet endroit sacré, les souvenirs de grands artistes, d'écrivains talentueux et d'inventeurs visionnaires s'entrelacent, formant une symphonie émouvante de vies bien vécues et de contributions marquantes à l'histoire de l'humanité.

Tombeau de la famille Charles Pigeon

 

Ah, mes anciens voisins, pourrait dire Eric, une galerie de célébrités dans un quartier effervescent mais discret ! Yves Klein, l'artiste aux couleurs vibrantes, Simone de Beauvoir, la philosophe des mots engagés, Georges Brassens, le poète de la chanson française, Lee Miller, la photographe aux regards captivants, et Alberto Giacometti, le sculpteur des formes énigmatiques. "Connaitre ses voisins", voilà qui commence par le haut du panier, une petite touche de glamour dans la vie quotidienne d'un Parisien. Mais, je vous assure, on avait aussi notre concierge bienveillant et son chat facétieux, sans oublier le charmant monsieur Martin du cinquième, amateur de bons mots et de pâtisseries ! C'était tout un petit monde, un microcosme où l'art, la culture et la bonne humeur se côtoyaient chaque jour. Un voisinage à nul autre pareil, une constellation d'étoiles brillantes dans le ciel banal de la vie de quartier. Ah, les joies de la vie parisienne, même quand on ne croise pas des stars à tous les coins de rue, on peut au moins les avoir eu pour voisins !

75014-32.jpg
Immeuble de Simone de Beauvoir
Immeuble de Lee Miller
Atelier de Giacometti
Street-art rue Didot
bottom of page